Le privilège blanc? Zéro

 On ne se connait pas…

Toi, qui lis ces quelques lignes, ne connais rien de moi…

C'est ça le privilège blanc.

Tu ne comprends pas ce que je veux dire?  Tu es alors probablement aussi blanc que moi.

Permets moi de  m'expliquer un peu …


Si tu es Canadien, Américain, tu n'as peut-être pas d'amis Innus, Cris, Naskapis, Mohawks, mais si tu lis juste un peu, tu es probablement informé des difficultés vécues dans ces communautés: alcoolisme, violence, suicide, ou alors obésité, diabète, dépression…

La réalité afro-américaine aussi, on peut en parler: judiciarisation extrême, niveau d'éducation moins élevé, pauvreté, prise en charge médicale plus déficiente, désert alimentaire…

N'oublions pas les asiatiques: succès dans les études, personnalité plus effacée, problème de jeux de hasard, grippe aviaire, et so on...

Oui mais nous aussi on a nos problèmes me répondras tu!  Mais oui!  Absolument!

Bon, on est donc d'accord qu'on à tous nos bébittes à porter, et qu'il faudrait arrêter de penser que parce qu'on est blanc, tout est facile pour nous, non?

Je vais te poser une question: 

as-tu déjà eu honte d'une collègue qui comprend vraiment pas vite au travail?  Genre pas fute-fute?  D'une fille qui fait la rue pas loin de chez vous?  D'une mère qui lève la voix sur ses enfants dans le métro?  D'un homme violent?  D'un fraudeur?  D'un violeur?  D'un tueur?

Toujours pas?

Je vais plus loin...

Quand ton ex t'a trompé il y a 10 ans, as-tu décidé d'en finir avec toute vie amoureuse?  Pour le reste de tes jours?  Quand tu as su que l'amie de ta fille faisait du LSD, as-tu privé ton enfant de toute amitié à venir?  Quand  on t'a fraudé à la cantine du coin, as-tu mis fin à toute sortie au restaurant?

Ça fait de moins en moins de sens ce que je dis hein?

Je vais t'aider à me suivre parce que je sens que tu vas arrêter de lire dans 5 secondes.

Ce que je dis ne fait pas de sens parce que tu n'as pas l'expérience de la généralisation à ton égard.  Quand des gens de ton milieu te font mal (et c'est généralement nos proches qui le font le mieux), on ne remet pas la terre entière en question.  Éric est un salaud.  Amélie se drogue, la serveuse de la cantine a surchargé ta carte de crédit.  Tu n'as pas remis en cause ta race.  Ça n'aurait ni queue ni tête.

Tu n'as pas honte non plus quand quelqu'un qui te ressemble fait quelque chose de wrong.  Tu ne te sens pas interpellé par association.

Parce qu'on ne t'associe généralement pas à grand chose.

Le gars noir qui marche le soir dans la rue, il la connait l'association.  Il fait attention pour que la fille devant lui ne serre pas sa sacoche plus fort, il ralentit sa cadence, change de coté de rue.  Mohamed, quand il prend l'avion, il est conscient aussi.  Quand ton nouveau chum latino entend parler tes amies de leurs déboires avec ce G.O. cubain qu'elles ont parrainé et qui les a trompées avant de s'enfuir avec les papiers, il se tait et se fait tout petit.

Toi par contre, quand tu arrives dans un nouveau milieu, que ce soit le travail, l'école, ou juste quand tu marches sur la rue, on a aucune idée de qui tu es.  Tu es une page blanche et on te jugera selon ce que tu feras par la suite.  Quand tu passes une embauche.  Que la police te remet une contravention.  Que tu fais une demande d'aide de dernier recours.  Tu ne pars pas avec un bonus.  Tu commences à zéro.  ET c'est ça le privilège blanc. C'est la capacité à être perçu comme un individu dont on ne sait rien.  Ne pas devoir franchir chaque fois la ligne du "eux", ne pas porter le poids du jugement, ou du préjugement.  Ne pas avoir à te dissocier de l'idée que les gens ont "des tiens", "de ton milieu", des statistiques qui sont collées sur ta peau.

Le privilège blanc en gros, c'est d'avoir un gros zéro, alors que les autres commencent la course à moins 1000.

C'est bien plus que ça en fait.  Mais je pense que c'est assez pour aujourd'hui.  Je viens de nous mettre dans un même bateau, et on n'a pas l'habitude de ça.  On hait ça se retrouver mêlés dans un même panier.  C'est fragilisant.  La fragilité blanche.  On y reviendra.





Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

L'hôpital inconnus des blancs

La fille de la femme blanche